Alors ce qui est un p’tit peu merveilleux c’est que je disais bonne nuit à CU-1 (ma petite puce) au moment exact ou j’ouvrai cette page (Merci Petite Pomme)
Encore enfant, je devinais que ce sourire très singulier représentait pour chaque femme une étrange petite victoire. Oui, une éphémère revanche sur les espoirs déçus, sur la grossièreté des hommes, sur la rareté des choses belles et vraies de ce monde. Si j’avais su le dire, à l’époque, j’aurais appelé cette façon de sourire féminité… Mais la langue était alors trop concrète. Je me contentais d’examiner, dans nos albums de photos, les visages féminins et de retrouver ce reflet de beauté sur certains d’entre eux.
Car ces femmes savaient que pour être belles, il fallait, quelques secondes avant que le flash ne les aveugle, prononcer ces mystérieuses syllabes françaises dont peu connaissaient le sens: pe-tite-pomme… Comme par enchantement, la bouche, au lieu de s’étirer dans une béatitude enjouée ou de se crisper dans un rictus anxieux, formait ce gracieux arrondi. Le visage tout entier en demeurait transfiguré. Les sourcils s’arquaient légèrement, l’ovale des joues s’allongeait. On disait petite pomme, et l’ombre d’une douceur lointaine et rêveuse voilait le regard, affinait les traits, laissait planer sur le cliché la lumière tamisée des jours anciens.
(The passage is quoted from Andreï Makine’s “Le Testament Français” which I will now have to struggle through)